La détection incendie au cœur de la filière de traitement et de valorisation des déchets
11 septembre 2017La plupart des sites sont en effet particulièrement vulnérables à l’incendie. En cause, un fort risque de départ de feu, un potentiel calorifique élevé associé à une propagation rapide (systèmes de convoyage et absence de recoupement). Par ailleurs, la protection incendie n’était pas jusqu’à récemment la priorité chez les acteurs du traitement de déchets. La détection des sinistres est souvent trop tardive, ce qui complique la lutte par des équipements insuffisants ou inadaptés à la lutte incendie. C’est pourquoi, la protection, incendie représente un enjeu majeur dans le secteur du traitement des déchets.
Les sites de traitement des déchets doivent faire face à de nombreux départ de feu. Nous citerons par exemple :
- Les aérosols compressés dans les presses métalliques et trommels,
- Les risques liés à la maintenance et notamment au travail par point chaud,
- Les échauffements des galets de roulement des convoyeurs.
Par ailleurs, la vulnérabilité des centres de tri est augmentée par les difficultés à détecter précocement ces départs de feu :
- Site vaste avec peu ou pas de personnel pour le surveiller 24h/24h.
- Détection automatique généralement basée sur de la détection de fumée, rendue inopérante par un environnement pollué (poussières, atmosphère acide, fumeroles) générant de très nombreuses fausses alarmes.
D’autre part, la majorité des centres de tri ne sont pas correctement pourvus en moyens d’intervention pour faire face à ces risques, les équipements installés ne répondant généralement qu’à des exigences administratives peu contraignantes. Si tous les sites possèdent des extincteurs et quelques RIA, ces derniers ne peuvent pas contenir un feu se déclarant dans une fosse ou s’étendant dans des stocks ou process. Certains sites sont équipés de canons qui sont trop souvent mal conçus : Débit insuffisant, orientation et portée du jet insuffisante… Pire, du fait d’une mauvaise conception, l’utilisation de ces derniers peut propager l’incendie, par exemple en propulsant les balles en feu en voulant les éteindre. Par ailleurs, les stocks où se concentre le potentiel calorifique ne sont généralement pas spécifiquement protégés.
Enfin, la conception des centres de traitement visant à faciliter le flux des déchets (grands espaces non recoupés, convoyeurs traversant tout le site, etc.) facilite voire accélère la propagation des feux.
Les conséquences d’un
S’il est donc clair que les centres de déchets sont particulièrement vulnérables au risque incendie, il est important de garder en tête que les conséquences d’un incendie peuvent être importantes :
- D’un point de vue économique, le coût de la reconstruction impliquera une augmentation significative des primes d’assurances.
- Les pertes d’exploitations sont aussi importantes du fait de l’obligation de continuité du service publique obligeant à rediriger les flux de matière vers d’autres sites souvent en surcharge.
Enfin, ces sites sont généralement la propriété des collectivités et à ce titre tout incendie est largement médiatisé. Le traitement des déchets étant un sujet cristallisant nombre de tensions dans le voisinage (phénomène NIMBY – Not In My Back Yard), un feu important peut causer la fermeture définitive pour des raisons politiques.
Pour information, quelques statistiques (source Fédération Française des Sociétés d’Assurance) :
Sur les 5 dernières années, la rubrique TRE 850 (Traitement des déchets urbains et industriels) est systématiquement en tête du « palmarès » des sinistres les plus graves (en nombre et montant total des sinistres).
En 2014, la filière représentait 19% des sinistres graves (5 sinistres/26 toutes filières confondues) et 29% du coût (37 M€ / 127).
L’augmentation des sinistres en nombre et en gravité dans la filière « déchets » pousse donc les assureurs à :
- Refuser d’assurer de telles activités (il n’y a plus guère que quelques assureurs pour assurer ce type de risque),
- Augmenter le montant des primes et des franchises,
- Imposer des moyens de lutte de plus en plus conséquents.
La filière étant systématiquement déficitaire, les assureurs sont très peu enclins à la négociation. D’autre part, les acteurs publics (collectivités, SDIS, DREAL) prennent peu à peu conscience des conséquences de potentiels incendie et augmentent graduellement leur niveau d’exigence.
Il est donc primordial d’estimer correctement dès la phase de conception les risques et les moyens de lutte à mettre en œuvre. Pour les contractants (constructeurs, maîtrise d’œuvre et Exploitants), la mise en avant des moyens de lutte prévus est aujourd’hui un élément différenciant dans le cadre d’un Appel d’Offres pour la construction ou la remise à niveau d’un centre de traitement de déchets.